Predication 4 okt. 2020


Là où est l'Esprit du Seigneur, là est ...la liberté


Temples de Lézères et de Le Mas d'Azil, le 4 octobre 2020. 27ème du Temps Ordinaire.

Sermon dominical.

TB : 1 Coritnthiens 12. 1-13

Cette semaine a eu lieu à Paris, l'enterrement du comédien et acteur Michaël LONSDALE. Il était un ami de notre paroisse où il est venu à trois reprises. Or je voudrais vous raconter une anecdote : la première fois que je l'ai rencontré, c'était dans un taxi à Marseille où nous étions invités ensemble à un anniversaire. Sachant qu'il était chrétien pratiquant, d'un père anglican et d'une mère catholique, je lui ai posé cette question : « Vous êtes plutôt protestant ou catholique ? » Ce à quoi il a refusé de répondre en me disant poliment « Je suis chrétien » Je l'ai regardé de profil et j'ai été frappé par son visage, doux, pacifique et convaincu à la fois et sa réponse en forme de confession de foi m'a interpellé : « Je suis chrétien ! » Sous-entendu : « Point final ! » Le texte que j'ai choisi pour aujourd'hui va dans le même sens, il nous dit que l'Unique Saint-Esprit glorifie l'Unique Jésus , dans l'Unique Corps qui est l'Eglise, avec tous ses membres...

Frères et soeurs, le Saint-Esprit est particulièrement mis en valeur dans notre texte de ce jour. Il est invoqué onze fois par l'apôtre dans ce bref passage de 13 versets... Le Saint-Esprit, troisième Personne de la Trinité est trop souvent négligé dans notre piété chrétienne traditionnelle. On parle de Dieu, qui se confond souvent avec le Père, on parle abondamment de Jésus et cela est normal puisqu'il est Dieu avec nous mais on aurait tendance à ignorer l'Esprit.

Pourtant, il ne peut pas y avoir de foi chrétienne sans l'Esprit. Ce qui fait dire à saint Paul « Nul, s'il parle par l'Esprit, ne peut dire : ''Anathème à Jésus'' qui peut aussi se traduire : ''Maudit soit Jésus.''» L'Esprit repousse aussitôt ce blasphème. Il exalte et protège le Christ. On se souvient que les pharisiens et d'autres responsables religieux dans l'Evangile avaient souvent accusé Jésus, en niant son pouvoir divin, en le traitant de « fou » et de « démoniaque ». (Jean 10. 20 ; 10. 33) Ces gens n'étaient pas dans l'Esprit. De même aujourd'hui, ceux qui nient la divinité de Jésus ou qui la diminuent ne sont pas dans l'Esprit.

A l'inverse, tous ceux qui disent « Jésus est le Seigneur » sont mus par le Saint Esprit. Confesser que Jésus est Seigneur, c'est justement affirmer qu'il est Dieu, au dessus de César et de tous les pouvoirs humains. Dire que Jésus est Seigneur, c'est dire qu'il est le maître absolu. Que nous lui donnons pouvoir sur notre vie et que nous voulons lui obéir. Comme on le dit parfois : il ne suffit pas de dire que Jésus est notre sauveur, il doit aussi devenir notre Seigneur.

Justement, c'est le rôle de l'Esprit de nous convaincre au fond de notre cœur. Il accomplit un travail intérieur profond au dedans de nous, si nous le laissons faire... Il fait passer Jésus du stade de Sauveur à celui de Seigneur.

Mais, précisément, chers frères et sœurs, l'Esprit ne fait pas de différences parmi ceux qui aiment et exaltent Jésus-Christ. « Personne ne peut dire ''Jésus est le Seigneur'', sinon par l'Esprit Saint. » nous dit saint Paul ce matin. Voyez-vous, cette phrase met les choses en place... Tous ceux qui disent : « Oui, Jésus est Seigneur » sont touchés par le Saint-Esprit. Ils sont tous disciples du Christ. Ils sont tous ses élèves, (ce qui est la traduction, comme vous savez, du mot « disciples »). Jésus est leur maître à tous, il est l'unique berger du seul troupeau de l'Eglise... Partant de là, chers frères et sœurs, il n'y a pas de raison que nous soyons fondamentalement divisés entre chrétiens. Nous pouvons avoir des différences, (les débats sont sains!) comme les élèves d'une même classe sont différents mais nous ne devrions pas avoir de division

  ... car nous faisons partie de la même classe. « Différence » et « division » voilà deux mots bien distincts, qui nous aident à relativiser les conflits du passé et du présent.

« Personne ne peut dire ''Jésus est le Seigneur'', sinon par l'Esprit Saint.» La question qui se pose est la suivante. Si quelqu'un à côté de moi dit sincèrement: « Jésus est le Seigneur », comment pourrais-je dire que cette personne n'est pas autant que moi disciple de Jésus-Christ. Mais allons plus loin : si cette personne est elle aussi, comme moi, disciple de Jésus, alors, qui suis-je pour la rejeter, pour ne pas lui parler, pour la laisser dans son Eglise, pour refuser de l'inviter à prendre la Cène avec moi ? N'est-ce pas faire offense à Jésus, en lui disant : « Je sais mieux que toi qui est ton disciple ou qui ne l'est pas. » N'est-ce pas à la limite faire preuve d'anathème (pour reprendre le mot de l'apôtre au verset 3), de refuser une sœur ou un frère qui confesse sincèrement dans son cœur : « Jésus est le Seigneur ! » N'est-ce pas également offenser le Saint-Esprit, qui est Celui qui donne la foi et qui unit les chrétiens ?

Ainsi, nous devons bien faire attention à ne pas mettre de l'huile sur le feu, à ne pas diviser les chrétiens entre eux, quelles que soient leurs différences. C'est pourquoi, je parlais hier, lors de l' assemblée générale, de la paroisse du Mas d'Azil, de nos relations oecuméniques locales que nous ne devons pas négliger mais choyer au contraire comme on choie une personne qu'on aime. Je vous ai déjà cité ce récit authentique qui s'est passé dans un goulag soviétique. Deux serviteurs de l'Evangile ont été déportés en raison de leur foi en Christ. L'un était prêtre orthodoxe, l'autre pasteur baptiste. Avant leur captivité, ils passaient leur temps à se critiquer et à se combattre... Et voilà qu'ils se sont retrouvé prisonniers ensemble. Là ils se sont aperçus qu'ils croyaient au même Seigneur. Qu'ils étaient sincères quand ils disaient chacun à sa manière : « Jésus est le Seigneur ! ». Et que finalement ils allaient mourir pour la même foi en Christ. Alors ils se sont réconciliés, pour un motif supérieur à tous les autres et finalement le seul qui en vaille la peine : Jésus-Christ.

Celui qui a dit : « Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés ! » (Jean 13. 34) Alors, chers frères et sœurs, je pose une question : Faut-il que nous soyons au pied du mur ? Faudra-t-il que nous soyons persécutés pour que nous apprenions à nous aimer, à être plus unis entre chrétiens ? Avouons que ce serait dommage et que Dieu nous demandera des comptes sur tout le temps que nous aurons perdu...(Rom 2. 6)1 Je vous cite encore deux exemples bien connus : Du temps de l'expansion musulmane les territoires qui sont devenus l'Algérie d'aujourd'hui étaient majoritairement chrétiens. Mais ils étaient divisés entre eux. Résultat, ils n'ont pas résisté à l'impact d'une nouvelle Religion. Cela s'est reproduit en Turquie, à l'époque des Croisades : les chrétiens orientaux et occidentaux se sont fait la guerre. Résultat : une autre Religion a pris le dessus... « L'Union fait la force ! », la désunion est le début de la déliquescence....

Mais, chers frères et sœurs, ce n'est pas par peur que nous devons nous unir mais c'est par amour, par fidélité au Saint-Esprit. Ecoutons le suite du texte : « Il y a diversité de services mais c'est le même Seigneur... A l'un est donnée une paroles de sagesse ; à un autre, une parole de de connaissance... A un autre la foi, par le même Esprit... » Oui le Saint-Esprit ne cesse d'équiper l'Eglise par toutes sortes de dons. Des dons naturels ou, parfois, des dons miraculeux... Mais tous proviennent du même Esprit. Qu'il est dommage que nous nous privions des dons du voisin dans la paroisse d'à côté. De même, il est dommage que nos dons ne profitent pas aux autres chrétiens en dehors de notre paroisse. L'Unité, dans la diversité honore le Saint-Esprit et quand le Saint- Esprit est honoré la puissance même de Dieu est à l'eouvre.

Alors, frères et sœurs, soyons de ceux qui disent « Jésus- Christ est le Seigneur » et qui servent son Eglise, dans l'unité, la joie et la paix, libérés des chaînes du passé... Et méditons sur ce verset de la deuxième épître aux corinthiens : « Là où est l'Esprit du Seigneur, là est ...la liberté. » 2 Cor 3. 17 Amen.

    1 ".. Qui rendra à chacun selon ses oeuvres..."